But de ce blog

Transmettre des informations sur les maladies, la pollution, et surtout sur la santé.


jeudi 17 novembre 2016

Ni “cons-sommateurs”, ni cobayes

Notre civilisation est à un tournant


Deux choix sont possibles en matière de consommation quand il s’agit de s’alimenter.

    Celui des aliments issus de l’industrialisation à outrance avec l’agriculture productiviste qui produit pas cher avec des rendements énormes.
    Celui des aliments issus d’une agriculture progressivement raisonnable évoluant vers le bio, la biodynamie, produisant plus cher avec des rendements faibles.

Si je ne vous en dis pas plus, il est fort probable que beaucoup d’entre vous optiez pour le premier choix.

Pourtant, des différences essentielles apparaissent chaque jour plus nettement. Elles concernent d’abord les moyens mis en œuvre.

    Le premier choix a besoin d’une mécanisation intensive et crée peu d’emplois. Le laboureur est soit masqué et casqué, soit dans une cabine isolée (parce qu’il ne veut pas respirer ce qu’il donne à la terre), climatisée, informatisée, avec une machine qui marchera bientôt sans pilote. C’est le progrès me direz-vous.
    Le deuxième choix crée des emplois qu’il faut bien rémunérer, ce qui se répercute logiquement sur le produit fini. L’idéal est de le vendre à proximité pour éviter les nombreux intermédiaires qui prennent leur pourcentage au passage. C’est archaïque, me direz-vous.

Curieusement, les super et hypermarchés développent des rayons BIO, mais il est difficile de les conseiller quand on voit des miels bio de Chine ou des figues bio de Turquie achetés à des prix défiants toute concurrence, et dont la qualité bio est surtout sur l’étiquette…

Une grande différence est que l’agriculture productiviste utilise des phytosanitaires qui ne sont autres que des produits chimiques, pesticides-insecticides-fungicides dangereux pour la santé humaine. Évidemment, les industriels ne vous le diront pas, ils vous diront même l’inverse en affirmant que le choix N°1 est la seule façon de réduire la faim dans le monde. Belle générosité si elle n’était pas orientée d’abord vers leurs poches, avec l’aide de la bourse.

On se moque de nous en prenant les consommateurs pour des cobayes. Les scientifiques se réveillent quand ils ont vraiment la parole libre.

C’est le cas de nombreux ingénieurs agronomes arrivés à la retraite, comme j’ai pu le constater après le Grenelle de l’Environnement auquel j’ai participé.

Mon collègue britannique le Pr. John Beddington (nous avons le même âge), spécialiste de la gestion des ressources naturelles et « conseiller scientifique en chef » du gouvernement Anglais, a sonné le tocsin.

Dans un discours officiel il estimait :

« le monde, sans de profonds et rapides changements de comportements individuels et collectifs, va vers un collapsus écologique et économique global qu'il compare à un ouragan parfait (économique, social et environnemental), qui se concré tisera vers 2030, donc dans 15 ans. Ce scénario associe conjointement une crise alimentaire, sanitaire et sociale, une crise énergétique et une crise écologique majeure caractérisées par un effondrement brutal des écosystèmes, à l'échelle de la biosphère, c'est-à-dire de la planète toute entière, et dépassant les capacités de résilience écologique de la biosphère (à court, moyen ou long terme). »

Il ajoute :

« Cette situation explosive représente la plus grande menace pour la stabilité et la paix mondiale qui ait jamais existé. Des centaines de millions d’hommes et de femmes vivent dans les régions les plus exposées et n’auront pas d’autre choix que de partir pour tenter de survivre ailleurs. Les sources de conflits, d’épidémies, de guerres seront innombrables… et jusqu’à présent l’humanité n’a encore jamais apporté la preuve qu’elle savait gérer ce genre de situation.»

Que faire ? Attendre 15 ans les bras croisés ou réveiller les consommateurs exploités ? Attendre de voir plus de cancers chez des sujets jeunes – c’est le cas déjà aujourd’hui – en annonçant aux familles qu’on ne connaît pas les causes et qu’on les cherche sans les chercher vraiment ?

Avec le tout-génétique, on a voulu faire mieux que la nature et cela dans tous les domaines de l’humain. La déconstruction de tous les modèles rationnels qui consiste à tout détruire, pensée par les philosophes brillants – Dérida, Foucault, Deleuze et bien d’autres – perturbés dans leur vie intime, obsédés par la mort, valorisés par des médias philosophiquement incompétents pour suivre la mode, conduit l’humanité au suicide.

Professeur Henri Joyeux