Je reviens régulièrement sur la nécessité absolue de prendre le temps de choisir ses aliments, de préparer les repas, de se mettre à table, de s'asseoir pour manger, de mâcher.
Un repas ne doit pas, ne peut pas, durer moins de vingt minutes : c'est de toute façon le temps qu'il faut à l'estomac pour envoyer au cerveau le signal « c'est bon, j'ai eu mon compte ».
Si vous mangez en moins de vingt minutes, vous pouvez sentir physiquement votre estomac plein, vous n'aurez pas cette agréable sensation d'avoir bien mangé, qui est pourtant essentielle pour garantir l'absence de fringale jusqu'au prochain repas.
Or, dans ce processus de bien manger, il est indispensable qu'il y ait une cohérence entre vos sens : votre premier organe de la faim, ce sont vos yeux ! Ce sont eux qui, en voyant la nourriture, déclenchent le travail préparatoire de l'estomac, stimulent vos glandes salivaires, excitent vos papilles, téléguident votre cerveau pour choisir vos plats et vos portions.
Si vous mangez les yeux braqués sur la télévision, sur votre ordinateur, votre smartphone, ou même un simple journal, vous perdez le contrôle de ce que vous absorbez : vous ne sentez plus le goût, vous ne maîtrisez plus les quantités.
Or, selon une étude TNS Sofres pour le Syndicat Français des Aliments de l'enfance (SFAE) réalisée en novembre 2013, 15 % des bébés de quinze jours mangent déjà devant la télé. Et le phénomène ne fait qu'augmenter avec l'âge : 29 % des enfants de 0 à 3 ans mangent devant un écran.
29 %, c'est aussi le nombre d'enfants en surpoids ou obèses dans la population, un chiffre qui a explosé ces quarante dernières années, et qui est la conséquence directe de la perte des repères alimentaires. Le surpoids ou l'obésité des enfants sont plus graves encore que chez l'adulte, car ils entraînent des perturbations du métabolisme qu'il sera pratiquement impossible de corriger plus tard. C'est donc un risque énorme de diabète et de maladies cardiaques.
Des enfants malheureux
Manger devant la télé ne prive pas seulement les enfants d'une bonne santé. Cela les prive d'un moment essentiel d'affection, d'échange et de chaleur humaine.
Selon Jean-Pierre Corbeau, professeur émérite de sociologie de l'université de Tours, c'est même la conséquence la plus grave de la télévision à table :
« Plus dommageable encore, le repas se déroule sans communication, sans partage et sans échange.
Les enfants de moins en moins endurants
Les conséquences de ces mauvaises habitudes ont des résultats visibles sur les capacités physiques mêmes de l'espèce humaine, qui sont en déclin : les enfants actuels mettent en moyenne 1min 30 de plus que leurs parents au même âge, il y a 30 ans, pour courir 1,6 km !
C'est la nouvelle calamiteuse révélée par une grande étude australienne qui vient de sortir.
Ces résultats sont particulièrement pathétiques à une époque où le sport a été érigé au rang de nouvelle religion, où la moindre commune n'hésite plus à s'endetter pour construire un stade, où les seules valeurs dont osent encore parler les politiques sont celles du sport, présenté comme la solution miracle à tous les problèmes sociaux !
En réalité, cette apparente passion pour le sport passe surtout par des millions de postes de télévision allumés les soirs de match, et des déchaînements violents, que l'on ait « gagné », ce qui implique de tout casser pour fêter la victoire, ou « perdu », ce qui implique aussi de tout casser pour passer sa déception.
Selon le bulletin épidémiologique hebdomadaire, 37,3 % des élèves de 3ème ne pratiquent jamais la moindre activité physique (en dehors des cours d'EPS à l'école), 41 % passent plus de 3 heures par jour devant un écran, et les deux tiers ne consomment ni fruits ni légumes !
Jean-Marc Dupuis
Commentaire de Pierre DANIS :
Je n'ai jamais eu la télévision, et mes enfants ont grandi sans cet instrument d'endoctrinement de la pensée unique.
Nous leur racontions des histoires de la Bible, et chantions des chants qui honorent le Créateur.
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