L’obésité est désormais « épidémique » en Europe, alerte l’OMS
Selon les dernières données disponibles,
59 % des adultes et près d’un enfant sur trois sont en surpoids en Europe.
L’obésité, qui accroît les risques de cancers ou les maladies cardiovasculaires
notamment, serait responsable de 13 % des décès annuels dans la région.
L’obésité en Europe est désormais « épidémique ». L’alerte a été donnée ce mardi par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), dans un nouveau rapport sur cette pathologie.
«
Les taux de surcharge pondérale et d’obésité ont atteint des proportions
épidémiques dans toute la région et continuent de progresser », déplore, dans un communiqué, la branche européenne
de l’organisation. Sur le Vieux continent, près d’un quart des adultes sont
désormais obèses, rendant la prévalence de l’obésité plus élevée que dans toute
autre région, à l’exception des Amériques.
1,2 million de décès par an
Aucun pays de la région ne peut
actuellement prétendre stopper la progression, et l’ampleur du problème s’est
révélée avec force lors de la pandémie de Covid-19 où le surpoids était
considéré comme une comorbidité. « L’augmentation de l’indice de masse corporelle est
un facteur de risque majeur de maladies non transmissibles, notamment les
cancers et les maladies cardiovasculaires », souligne
le directeur de l’OMS Europe, Hans Kluge, cité dans le rapport.
Le surpoids et l’obésité seraient ainsi à
l’origine de plus de 1,2 million de décès par an, représentant plus de 13 % des
morts dans la région, selon l’étude. L’obésité est cause d’au moins 13 types de
cancer différents et susceptibles d’être directement responsable d’au moins
200.000 nouveaux dépistages par an. « Ce chiffre devrait encore augmenter dans les années
à venir », prévient l’OMS.
Les dernières données complètes
disponibles, qui remontent à 2016, montrent que 59 % des adultes et près d’un
enfant sur trois (29 % des garçons et 27 % des filles) étaient alors en
surpoids à l’échelle de l’Europe. En 1975, à peine 40 % des adultes européens
étaient en surpoids. La prévalence de l’obésité chez les adultes s’est envolée
de 138 % depuis cette date, avec une progression de 21 % entre 2006 et 2016.
Effet délétère de la pandémie de Covid
D’après l’OMS, la pandémie de Covid-19 a
permis de prendre la mesure de l’impact de l’épidémie de surpoids dans la
région. Les restrictions (fermeture des écoles, confinement) ont
parallèlement «
entraîné une augmentation de l’exposition à certains facteurs de risque qui
influencent la probabilité qu’une personne souffre d’obésité ou de surpoids », souligne Hans Kluge. La pandémie est à l’origine de
changements néfastes dans les habitudes alimentaires et sportives dont les
effets, durables, doivent être inversés, plaide l’OMS.
«
Les interventions politiques qui ciblent les déterminants environnementaux et
commerciaux d’une mauvaise alimentation […] sont susceptibles d’être les plus
efficaces pour inverser l’épidémie »,
estime-t-elle. Il convient également, selon elle, de taxer les boissons
sucrées, subventionner les aliments bons pour la santé, limiter la
commercialisation d’aliments malsains auprès des enfants et plébisciter les
efforts pour encourager l’activité physique tout au long de la vie.
LA PRÉVENTION COMME
MEILLEUR MOYEN DE LUTTER?
Mais alors comment soigner cette
maladie? « Le
principe est simple : quand on prend du poids, c’est que l’on a un apport
calorique plus important que ses dépenses. La solution théorique c’est de
réduire les apports caloriques et augmenter les dépenses », explique Boris Hansel.
Si certains arrivent à modifier leur mode
de vie et perdre du poids sur le long terme en marchant plus par exemple et en
mangeant plus de légumes, d’autres ont plus de difficultés à changer
radicalement: « Pour
ces gens, il faut se faire accompagner. Et il ne faut pas céder aux régimes
restrictifs en pensant perdre du poids rapidement et le maintenir ensuite:
« Soit on arrive à modifier radicalement son mode de vie, ce qui peut être
compliqué, soit vous avez des difficultés et il faut un accompagnement ».
Pour soigner l’obésité, l’OMS préconise
davantage de politiques publiques de prévention. Car les actions actuelles
seraient insuffisantes: « Il n’y absolument pas de prévention et
d’information à la population générale sur cette épidémie non-contagieuse
qu’est le surpoids et l’obésité »,
regrette Anne-Sophie Joly, présidente du Collectif national des associations
d’obèses, qui déplore une « catastrophe » même si elle assure ne pas
être « surprise ».
« L’EAU EST LA SEULE BOISSON NÉCESSAIRE »
L’OMS propose aussi de taxer les boissons
sucrées: « On
n’empêchera jamais Coca-Cola ou les autres producteurs de sodas à faire des
boissons sucrées », tempère Pierre Azam,
médecin spécialiste de l’obésité qui mise sur l’éducation. « Il faut apprendre aux enfants
à ne pas boire de sodas et s’hydrater. Il faut que cela devienne pour eux
culturellement nocif qu’une cigarette. Et ça c’est de notre
responsabilité », ajoute-t-il, plaidant pour des cours de
nutrition dès l’école.
Car les boissons sucrées
sont presque ce qu’il y a de pire: S’il y a un aliment, une boisson qui fait du
mal, ce sont les sodas », avertit
aussi Boris Hansel. « L’eau,
gazeuse si vous voulez, est la seule boisson nécessaire », précise-t-il alertant aussi sur les jus, « qui sont autant
caloriques que les sodas ».
Jforum Les Echos Source
AFP et rmc.bfmtv.com
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