Quel remède à la souffrance ?
L’omniprésence de
l’hypnose ou du yoga part d’un constat que la foi chrétienne partage :
nous sommes touchés par la souffrance. Une souffrance non seulement physique,
mais aussi psychique (dépression, angoisses) et même « sociale »,
avec un regain de stress et d’hyperactivité dans un monde qui vit à 100 à
l’heure.
Dans un tel contexte,
l’hypnose, par exemple, apparaît comme un remède miracle. Le magazine « Ça
m’intéresse » se réjouit ainsi de sa capacité à triompher des insomnies, à
lutter contre la dépression et à désamorcer les tensions qui conduisent au
stress. L’hypnose serait même plus efficace que tous les régimes pour perdre du
poids… et capable de vaincre la peur de l’avion !
Une vision égocentrique et orgueilleuse
de la réalité
Le but, ici, n’est pas
de se prononcer sur la pertinence ou non de ces promesses, mais de poser
quelques questions. On peut avoir l’impression, à la lecture de ce dossier
consacré à l’hypnose, qu’elle est considérée non seulement comme un moyen
d’atténuer la souffrance, mais même de la supprimer ou, plutôt, de nous faire
croire que cette souffrance n’existe pas. On est loin de la perspective
biblique : pour Dieu, il ne s’agit pas de nier la réalité de la
souffrance, mais de nous aider à affronter la souffrance et à la traverser en
comptant sur Lui.
Ce qui nous conduit à
un autre problème : la « philosophie » de l’hypnose estime que
chacun a en lui-même les ressources pour sortir de l’épreuve. Le père de
l’hypnose médicale, Milton Erickson, « considère l’inconscient comme une boîte magique
contenant les ressources de chaque individu », selon « Ça m’intéresse ». Il
s’agit donc, par la transe, d’aider le patient à mettre le doigt sur son
problème et à trouver des solutions. Une vision somme toute assez égocentrique
et orgueilleuse de l’être humain.
Plus que des gymnastiques : des
spiritualités
Mais il y a peut-être
plus problématique encore : l’hypnose, tout comme certaines
« gymnastiques », ressemble à une forme de spiritualité dont les
fondements s’opposent au christianisme. Le magazine « Ça
m’intéresse » nous rappelle ainsi qu’au 18e siècle, « le médecin allemand Franz Mesmer – qui a
inspiré le nom de l’hypnotiseur québécois Messmer – développe la théorie du
magnétisme animal : un fluide magnétique invisible circulerait dans le
corps et l’Univers. Les maladies seraient le signe d’une mauvaise circulation,
que l’on peut rétablir par le sommeil magnétique ».
Cette philosophie du
fluide intérieur ou de l’équilibre est également à la base de bon nombre de ces
« gymnastiques qui soignent le corps et l’âme ». Le magazine
« Ça m’intéresse » donne la parole à une femme qui suit des cours de
yoga : « Dans
les différentes postures, l’enseignante nous invite à entrer en méditation, à
nous connecter aux énergies de la terre et du ciel, à nous relier à notre être
profond ».
Et de rappeler que le mot « yoga » provient d’une racine sanskrite
qui signifie « unir, relier ». Ainsi, le yoga, « bien plus qu’une gym, est une
manière de penser le monde », qui permet de répondre à des questions
existentielles telles que « Qui suis-je ? » ou « D’où
est-ce que je viens? ».
Un panthéisme évident
On perçoit clairement
toute une dimension panthéiste, où le pratiquant du yoga entre en communion
avec son environnement, au point de se confondre presque avec lui. Le contraste
est saisissant avec la réalité telle qu’elle nous est révélée dans la
Bible : Dieu, extérieur à la création, transcendant, a créé un monde
distinct de Lui, dans lequel Il est cependant à l’œuvre. Nous, ses créatures,
sommes appelées à entrer en communion avec Lui non par un « lâcher
prise » et une méditation mystique où l’esprit s’élève vers une nouvelle
dimension, mais par Jésus-Christ, qui nous est révélé par la Parole écrite de Dieu.
Il ne s’agit pas de s’élever vers l’univers ou la spiritualité, mais de laisser
le Dieu transcendant s’abaisser jusque vers nous, puis de Le recevoir lorsque
l’on comprend sa Parole rendue intelligible par l’Esprit de Dieu.
Une communion avec soi-même ?
Dans ces gymnastiques
spirituelles, la communion avec l’univers va de pair avec la communion avec
soi-même. Cité par « Ça m’intéresse », un praticien du taï-chi
explique par exemple : « Basée sur les principes opposés du yin et du
yang qui s’assemblent pour s’équilibrer, cette discipline a pour objectif de
permettre la libre circulation du chi, ou énergie vitale, à travers tous les
méridiens du corps, maintenant ainsi une bonne santé physique et mentale ». On trouve une philosophie similaire
dans le qi gong, qui « vise
à harmoniser le corps et l’esprit, à libérer les tensions et à fortifier les
défenses corporelles par le renforcement de l’énergie vitale appelée qi ». Idem dans le yoga, où les différentes
postures servent à ouvrir notre « centre énergétique », le « chakra »,
pour parvenir à la joie.
Remédier à nos
« déséquilibres » grâce à notre « moi » ?
Qu’en dit la
Bible ? Oui, tout être humain est déséquilibré. Mais ce déséquilibre, ce
manque « d’harmonie intérieure », est dû à la présence du péché en
nous. Ce n’est donc pas en retrouvant une sorte d’équilibre intérieur, en
ouvrant nos chakras ou en renforçant notre énergie vitale que nous parviendrons
au salut (spirituel ou physique), mais par la repentance et la foi.
Le véritable objectif
de l’être humain ne consiste pas à faire tous ses efforts pour
« s’équilibrer », mais à reconnaître qu’il est totalement
déséquilibré et tordu, et que seul Dieu peut rétablir et réparer tout cela… La
solution n’est pas en moi, puisque mon « moi » est dysfonctionnel,
mais à l’extérieur de moi, c’est-à-dire en Dieu. Voilà le message de
l’Évangile : il est possible de retrouver une communion avec le Créateur,
d’être réconcilié avec Dieu et « avec soi-même », mais cela passe par
la capitulation devant nos propres ressources.
Laisser « l’énergie » de
l’Esprit nous transformer
Cette religion-là,
encore une fois, s’oppose à la religion des gymnastiques qui soignent le corps
et l’âme. C’est d’ailleurs assez symptomatique de découvrir, dans « Ça
m’intéresse », un langage quasiment religieux pour évoquer ces
pratiques : « Néo-convertis
et adeptes de longue date sont unanimes : si on pratique régulièrement, le
qi gong comme le yoga s’infiltrent partout dans notre vie ». Et de donner la parole à une
praticienne qui voit ses cours de qi gong comme « une drogue : si je ne viens
pas, ça me manque. Après chaque session, je me sens de nouveau en
énergie ».
Quid de la vie
chrétienne ? Elle consiste, au quotidien, à vivre toujours plus en
conformité avec notre nouvelle identité. « Soyez remplis de l’Esprit » (Éphésiens. 5,18),
s’écrie Paul. Or « le
fruit de l’Esprit, c’est l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la
bienveillance, la fidélité, la douceur, la maîtrise de soi » (Galates. 5,22). Des vertus que tout le monde recherche par toutes
sortes de moyens, mais que seule la foi chrétienne peut donner réellement dès
qu’Il vient habiter en nous le Saint Esprit, bien plus réel et équilibrant que
toutes les énergies qu’on veut nous faire avaler.
Jérémie Cavin
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire